Rob Hopkins : « L’agriculture durable, une autre vision du monde ».
Écrit par Team Défricheurs sur décembre 4, 2019
Rencontre avec Rob Hopkins, fondateur du mouvement international « Villes en transition » depuis 2005. Un optimiste de la transition, de passage à Strasbourg, nous partage son regard sur l’agriculture durable.
La permaculture, l’un des piliers de la transition
À l’occasion du Forum du Développement Durable, organisé par Idée Alsace, le 14 novembre dernier à Strasbourg, Rob Hopkins, enseignant britannique en permaculture depuis 2001, est intervenu sur cette thématique à son habitude, avec humour et imagination :
« Dans les années 90, je me suis intéressé à la permaculture en lisant des ouvrages sur ce sujet, qui parlaient de « réparer » la terre » explique-t-il. Fasciné, il étudie alors plus en profondeur la thématique, se forme et décide rapidement de l’enseigner. « Il m’était essentiel de partager les connaissances acquises au travers de mes diverses lectures, et de reconnecter les personnes à l’alimentation et à sa production » poursuit-il.
La permaculture apporte à Rob Hopkins une autre vision du monde. Il voit alors des opportunités et des solutions face à la crise écologique actuelle.
En Angleterre, nous dégradons les terres arables et depuis ma naissance, nous avons perdu 60 % des espèces animales au niveau mondial. Ce n’est pas un accident, mais une extermination.
Face à cette urgence, il rappelle l’importance de changer de pratiques agricoles, vers plus de respect du vivant. Ce que (justement) permet la permaculture.
Il poursuit :
Être permaculteur, cultivateur de houblon en agroécologie ou producteur de champignons dans des parking abandonnés devrait être l’activité la plus cool du moment. Les stars du rock ont commencé comme ça !
La nécessité de collaborer tous ensemble
Dans le système actuel, les agriculteurs vivent souvent dans la précarité et l’isolement. Selon Rob Hopkins, « pour soutenir l’agriculture durable, il faut reconstituer des réseaux de proximité et créer la demande au niveau local ». Cela passe par la reconnexion des institutions, commerces, entreprises, écoles, hôpitaux et universités avec les producteurs du coin.
En plus de respecter le vivant, l’agriculture durable s’appuie sur des valeurs de coopération, d’empathie, de bien-être et d’autogestion. Rob Hopkins a fondé, dans sa petite ville, une brasserie locale, dont il est fier ! Elle produit des bières délicieuses, mais crée aussi du lien social. Le « club du houblon », rattaché à la brasserie, offre la possibilité aux personnes produisant du houblon, parfois dans leur jardin ou sur leur balcon, de se rassembler pour confectionner leur propre bière locale. Une petite communauté de producteurs solidaire et conviviale a ainsi vu le jour.
Nourrir sa ville
Plusieurs villes se sont engagées dans la transition, énergétique, sociale, économique et agricole. Rob Hopkins aime parler du cas de Liège, en Belgique, qu’il connaît bien. Impulsé par des citoyens, un changement du modèle agricole de la ville a été opéré. Leur objectif : produire une alimentation majoritairement locale et de qualité. En quelques années, dix coopératives, des nouvelles fermes, des épiceries, des magasins éthiques ont ainsi été créés.
Qu’en est-il à Strasbourg ? Selon Rob Hopkins, la capitale européenne peut aussi suivre ce chemin. 80% de l’alimentation pourraient provenir de l’agriculture locale. Des produits locaux pourraient être produits si la ville se reconnecte aux villes environnantes sur lesquelles sont localisées les fermes.
Des initiatives qui vont dans ce sens existent déjà sur notre territoire (voir nos articles et écouter nos podcasts déjà publiés).
Pour aller plus loin
Les ouvrages de Rob Hopkins :
– Manuel de Transition : de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Éditions Écosociété, 2010.
– Ils changent le monde ! 1001 initiatives de transition écologique, Éditions du Seuil, 2014.
– Le Pouvoir d’agir ensemble, ici et maintenant, Éditions Actes Sud, coll. « Domaine du possible », 2015.
Ludmilla Terres