Récup’Art : du déchet à l’œuvre d’art
Écrit par Team Défricheurs sur septembre 18, 2021
Adrien Vinet, artiste autodidacte d’un nouveau genre. Il transforme les déchets en œuvres d’art. Par sa créativité et leur imaginaire, il questionne la société de consommation et défend la cause environnementale.
Quel sens mettez-vous derrière vos œuvres ?
Je le fais avec une conscience écologique, bien sûr, mais aussi pour donner une forme poétique et un peu de magie, avec ces créatures d’inspiration fantastique ou de science-fiction ! Le sens c’est faire des choses différentes, de “dark” parfois, amener à faire réagir. C’est ça le côté artistique, c’est susciter une émotion. Je m’inspire de la culture pop, des Stars Wars, des films de zombies aussi. Mais j’essaye de ne pas me mettre dans une case. Étant autodidacte, je crée ce qu’il me plaît.
Quel est votre rapport aux déchets ? Qu’est-ce que cette matière signifie pour vous ?
La matière première, au départ, elle ne ressemble à rien, c’est brut. Soit elle est dégradée, cassée. Elle n’a aucune valeur, mais en jouant avec, mon but c’est de lui redonner vie, à travers l’évocation que ça va inspirer derrière. Dans la création, il y a toujours un squelette pour le maintien parce que c’est de l’assemblage, je construis autour. La matière peut m’évoquer tout de suite : une tête, un morceau de bras, plein de choses. J’utilise surtout des fils de fer que je récupère de cintres, c’est assez dur. D’ailleurs dans le processus, j’aime me battre avec la matière. Aussi beaucoup de chambres à air de vélo en ce moment. Mixer tout, je trouve ça intéressant. Je me sers souvent, surtout pour mes robots, des morceaux de tuyauterie. A l’avenir j’aimerais intégrer davantage de tissus. Ce que j’adore, c’est que je ne fais jamais deux fois la même chose !
Où est-ce que vous récupérez vos matériaux ?
A la maison, d’abord, mais sinon c’est par les connaissances. Ma famille et mes amis me donnent de la matière première. Sinon c’est souvent dehors, je récupère tout ce qui peut traîner. J’ai toujours l’œil par terre ! Après c’est plus compliqué, parfois je vais dans les déchetteries, mais ce n’est pas officiellement autorisé …
Derrière la récupération, le recyclage de vos éléments, il y a-t-il un objectif écologique ?
En fait, je trouve la démarche intéressante, car mon objectif c’est de créer quelque chose à partir de pas grand chose. Ce que tout le monde jette, c’est comme si ça n’existait plus, même si ça a un impact environnemental ! Ce que je fais, c’est redonner de la valeur aux détritus. ça amène à réfléchir sur ce que l’on jette, en le faisant revivre. Ce n’est pas dans un but moralisateur, mais si ça permet de se questionner sur ce qu’on peut retrouver comme déchet … C’est une réflexion sur notre consommation, je trouve ça pertinent.
Vous présentez votre démarche comme un “laboratoire” ? Est-ce parce que votre art est expérimental ?
Pour moi oui, ce sont des choses que je ne maîtrise pas vraiment, donc c’est un laboratoire pour tester, aller toujours plus loin dans le concept. J’ai déjà fait des démonstrations dans des écoles, les enfants sont toujours enchantés. Souvent, ils appréhendent le monde par le toucher, d’ailleurs. Ils aiment voir ce qu’ils trouvent dans les déchets, voir comment ça peut devenir un robot ou un gros lézard. Pour la démarche écologique, les enfants sont déjà plus en avance que nous ! J’ai déjà fait quelques expos où je faisais des démonstrations. C’est vrai, ça les intéresse car ils peuvent essayer de refaire chez eux. Ça reste accessible.
Quel est le message vous voulez faire passer à travers l’art de la récupération ?
Pour prendre à contre-pied ce que je fais, le meilleur déchet c’est celui qu’on ne produit pas. Ce que j’aimerais faire, c’est pour chaque sculpture montrer ce que ça représente en terme de kilos. Par exemple : “ Cela représente 2 mois de déchets chez vous ”. De manière générale, il faut réduire les déchets, parce que le recyclage n’est pas toujours bien fait. Il faudrait moins consommer, ou de manière plus durable avec des objets qu’on réutilise. Il faudrait limiter certaines matières comme le plastique, ce qui vient de la pétro-chimie. Il faudrait être plus responsable dans l’utilisation. Être moins dans la quantité, mais plus dans la qualité !
Pour découvrir les œuvres de cet artiste, inspiré par la tendance du zéro déchet, il sera présent en septembre au festival Court-Métrange à Rennes (ndlr : du 22 septembre au 3 octobre 2021), sur le thème insolite et fantastique, avec un espace dédié pour les artistes. La thématique de cette année sera “ Le diable au corps ”, traitée par certaines de ses sculptures.
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