Ces restaurants et bars strasbourgeois qui ont abandonné les pailles en plastique

Écrit par sur juillet 26, 2018

Responsables de la pollution des océans et de la mise en péril de la biodiversité, les pailles en plastique sont régulièrement décriées par les associations écologistes. A Strasbourg, plusieurs restaurants et bars ont fait le choix d’abandonner ces petits bouts de plastique, difficilement valorisables, au profit de pailles réutilisables ou biodégradables, en carton ou en inox. 

Les pailles en plastique vivent peut-être leurs derniers jours : de nombreuses associations écologistes, comme Greenpeace ou Bas Les Pailles, réclament leur interdiction du fait de leur dangerosité pour la biodiversité des océans.

Et pour cause : lorsqu’ils sont jetés sur la voie publique, ces petits bouts de plastique rejoignent directement le système des égouts, puis les rivières, puis les mers et les océans… et provoquent des dégâts importants parmi la faune et la flore.

L’ONG Ocean Conservancy, dans un rapport publié en 2016, avait ainsi estimé que les pailles en plastique étaient le cinquième type de déchets le plus ramassé en bord de mer.

A Strasbourg, c’est l’association Zéro Déchet Strasbourg qui mène, conjointement avec Bas Les Pailles, des actions de sensibilisation auprès du public et des restaurateurs. Et ça marche : plusieurs bars et restaurants strasbourgeois ont fait le choix de les abandonner complètement, au profit de pailles biodégradables, en carton, ou réutilisables à l’infini, en inox.

L’association Bas Les Pailles a lancé une pétition, signée le 10 août par un peu plus de 172 000 personnes, pour réclamer l’interdiction des pailles en plastique en France.

C’est le cas du bar Jeannette et les Cycleux, non loin de la place Gutenberg, où Joseph Thomas, le gérant, a décidé de passer aux pailles en carton en avril 2018, pour des « raisons écologiques » :

On entend beaucoup parler de ce fameux « continent de plastique » qui continue à s’étendre dans le nord de l’océan Pacifique, et nous avons une responsabilité en tant que grands utilisateurs de pailles. Nous en utilisons en moyenne 2 000 par semaine, donc il y a un geste à faire ! Les pailles en carton sont biodégradables, donc si elles se retrouvent dans la nature (ce qui a priori n’arrive pas puisque que nous les jetons à la poubelle), cela ne pose pas de problème.

Au bar Jeannette et les Cycleux, les pailles en plastique ont été abandonnées au profit de pailles en carton,
Au bar Jeannette et les Cycleux, les pailles en plastique ont été abandonnées au profit de pailles en carton, « certes moins jolies mais plus respectueuses de l’environnement », selon le gérant Joseph Thomas. (Photo EB – Les Défricheurs)

Mais cet engagement a un coût : quand il débourse 2 euros pour 500 pailles en plastique auprès de son grossiste (quand elles ne lui sont pas offertes), le prix monte à 13 euros pour des pailles en carton. Un effort financier conséquent, que Joseph Thomas consent à faire :

C’est finalement une petite part de nos frais mensuels, donc ça ne me dérange pas de débourser un peu plus pour ça chaque mois.

S’il existe également des pailles en inox, réutilisables à l’infini, le gérant de Jeannette et les Cycleux a préféré le carton pour sa praticité d’utilisation :

Les pailles en inox sont peu adaptées pour des grands volumes car il faut les nettoyer à la main avec des goupillons spéciaux, la machine à laver ne peut pas les laver correctement. Cela prend beaucoup trop de temps compte tenu du nombre de pailles que l’on utilise tous les jours, donc on préfère les pailles en carton que l’on peut jeter.

Dans l’autre établissement qu’il gère, le Supertonic (ouvert en octobre 2017), situé place d’Austerlitz, les pailles en plastique ont été abandonnées en juin 2018, même s’il en reste quelques-unes des achats précédents. Mais les serveurs du bar ne les proposent plus systématiquement :

Nous sommes spécialisés dans le gin, une boisson qui s’apprécie aussi beaucoup avec le nez. C’est donc beaucoup mieux pour le client de ne pas utiliser de paille et d’avoir un contact presque direct avec la boisson : l’expérience olfactive est bien meilleure !

Au restaurant Pianogrill, situé place Saint-Étienne, les pailles en inox ont pris la place des pailles en plastique en avril 2018. Moussa, le chef de salle du restaurant, ne voit pas d’inconvénient à prendre un peu plus de temps pour les laver à la main :

On fait ça rapidement, à l’aide de goupillons spéciaux, et ça ne nous prend pas beaucoup plus de temps, comme on a relativement peu de pailles, une trentaine seulement.

Côté clients, on approuve plutôt la mesure. Marie et ses amis, attablés sur la terrasse du bar Jeannette et les Cycleux, reconnaissent pouvoir se passer de ces petits bouts de plastique :

C’est bien que les restaurateurs et gérants de bar s’impliquent pour la planète et essaient de réduire leurs déchets. Et puis c’est vrai que pour la plupart des boissons, on peut complètement se passer de pailles !

Sur le site de l’association Bas Les Pailles, une carte interactive indique l’emplacement de certains bars et restaurants, à Strasbourg et ailleurs (en France mais également aux États-Unis en Australie ou en Nouvelle-Zélande), qui se sont engagés à abandonner les pailles en plastique (dérouler la page d’accueil pour afficher la carte). La pétition lancée par Bas Les Pailles réclamant l’interdiction des pailles en France, est à retrouver sur le site change.org