Des élèves du collège Hans Arp de Strasbourg se mettent aux sciences participatives avec le CNRS
Écrit par Team Défricheurs sur décembre 7, 2021
Pour faire avancer la recherche scientifique sur la pollution plastique, 23 élèves d’une classe de cinquième du collège Hans Arp du quartier de l’Elsau ont collecté de déchets plastiques sur la berge du Port du Rhin, le 4 décembre dernier, dans le cadre de l’opération « Plastique à la loupe » lancée par la Fondation Tara Océan et pilotée par le CNRS de Banyuls.
Une candidature pour sensibiliser à la protection de la biodiversité
À l’initiative de trois professeurs du collège, Mme Birgy, professeur d’Histoire-Géographie, Mme Laruelle, professeur de SVT et M Raymond, professeur de Physique, la classe de 5ème F a candidaté et a été sélectionnée pour le programme Plastique à la loupe.
Une fierté pour cette classe, car elle fait partie des 12 projets participants de l’Académie de Strasbourg.
L’objectif de cette opération est de « récolter des déchets sur les berges d’un fleuve en respectant un protocole bien précis. Ces échantillons serviront ensuite à alimenter une base de données inédite, qui sera utilisée par les chercheurs pour des travaux scientifiques » précise Mme Laruelle.
Répartis en groupes de travail et pince à la main, les élèves ont collecté des déchets le 3 décembre dernier, sur les berges du Rhin, au Jardin des deux rives à Strasbourg, où il n’y a pas de service de nettoyage.
La première étape a consisté pour eux à délimiter la zone de prélèvement, puis à collecter des déchets tout en prenant note de la taille et de la localisation précise de ces déchets, tels que des auxiliaires scientifiques.
Dans un deuxième temps, les élèves effectueront en classe, le tri des déchets trouvés avant d’envoyer des échantillons au laboratoire du CNRS de Banyuls-sur-Mer pour une analyse fine de leur composition chimique, explique Mme Birgy, professeure principale de la classe :
Une matinée en faveur de l’environnement et de la protection de la biodiversité, comme en témoigne Abdikani, élève de la classe :
D’où viennent les déchets plastiques ? Une question fondamentale pour pouvoir agir
Selon la Fondation Tara Océan, 8 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversés chaque année dans l’océan et environ 80 % des déchets plastiques en mer sont d’origine terrestre. La grande majorité de ces déchets sont des micro-plastiques, c’est-à-dire, inférieurs à 5 mm.
Ce qui nous a surpris, c’est de trouver des micro-plastiques en amont dans les fleuves »[…] « alors qu’on supposait qu’ils se fragmentaient plutôt en mer
Jean-François Ghiglione, directeur de recherche au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), spécialisé en écotoxicologie microbienne marine et coordinateur de la mission scientifique de la Fondation Tara Océan (Ouest-France).
Un réel problème, selon le chercheur, car les micro-plastiques contaminent la chaîne alimentaire. Du fait de leur taille, ils sont ingérés par les animaux et se retrouvent ensuite dans la chaîne alimentaire, jusque dans nos assiettes.
Ce que les scientifiques ne savent pas précisément, c’est l’origine de ces plastiques, et comment ils se fragmentent.
De là est venue l’idée de faire intervenir des collégiens et des lycéens, chargées de réaliser des prélèvements sur tout le territoire et de récolter des données, qui permettront aux scientifiques de définir précisément l’origine des micro-plastiques et tracer la source de la pollution.
Une contribution qui servira également à la prise des décisions nécessaires pour agir contre cette pollution
Les sciences participatives, un levier pédagogique
En dehors de cette collecte, l’opération Plastique à la Loupe vise à engager les jeunes dans l’action citoyenne pour le développement durable, tout en leur donnant le goût de la pratique scientifique.
Nos élèves sont très heureux de pouvoir interagir avec des experts, ils participent à des visioconférences avec les chercheurs du CNRS
Odile Birgy, professeure d’histoire-géographie au collège Hans Arp, Elsau
Une heure par semaine est consacrée par la classe à réfléchir sur les enjeux et les conséquences de la pollution plastique, raconte-t-elle :
Pour continuer à immerger les élèves dans l’action et les mener sur le terrain, les enseignants prévoient deux visites plus tard dans l’année : au centre de tri et à la station de traitement des eaux usées. Enfin, ils songent à un « temps fort » pour clore ce projet en fin d’année ; par exemple une demi-journée de promenade en kayak pour découvrir les berges de l’Ill et de l’Aar.
En 2021, ce projet de sciences participatives a mobilisé 7 000 élèves avec des classes réparties dans toute la France et dans les territoires d’outre-mer. C’est en mai 2022 que les résultats de ces recherches nationales seront connus.